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 [Extraits retrouvés] - Journal d'Artyome

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Sigarme

Sigarme
Première Sentinelle
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MessageSujet: [Extraits retrouvés] - Journal d'Artyome   [Extraits retrouvés] - Journal d'Artyome Icon_minitimeMer 6 Fév - 20:54

« 5 Flovor 969 - Quelque part en AmaknaArtyome


Cette journée était des plus spéciales. En effet, je me suis rendu à cette espèce de conférence organisée par les célèbres « Dernières Sentinelles ».
S’il y a bien quelque chose que je n’oublierai pas dans ce qu’ils ont pu dire, c’est « Engagez-vous ! ». Ce fut certainement le maître mot de la journée.

J’exagère lorsque je dis que c’est la seule chose que je n’oublierai pas. Après tout, j’ai pris quelques notes et je compte te les détailler pour que ni toi, ni moi, n’oubliions ce qui s’est passé aujourd’hui, mon cher journal. Ni même ceux qui tomberont sur toi.

Tout d’abord, à ma grande surprise, lorsque je suis arrivé au point de rendez-vous, il n’y avait qu’une quarantaine de personnes, cinquante tout au plus. Cela dit, le message s’est propagé de bouches à oreilles, et tous ceux ayant eu vent de cette réunion n’ont pas dû prendre la peine de venir, j’en suis convaincu.
Toutefois, les plus intéressants ne sont pas les invités, loin de là, mais bien les hôtes. En face de nous se trouvait une sorte d’estrade où stationnaient trois hommes.

L’un d’entre eux était adossé au fond de ce qui servait d’estrade, les bras croisés. C’était un Féca aux cheveux aussi sombres que ses traits. Son visage était plus qu’inexpressif, et ne laissait paraître aucune émotion, quelle qu’elle soit.
Non loin de lui, proche du fond de l’estrade, se trouvait un Xelor qui avait été annoncé comme étant le Conseiller du « chef ». Son nom était « Harvard », un nom tout aussi mystérieux que le personnage, puisque sa coiffe cachait la quasi totalité de son visage.
Enfin, le dernier représentant des Sentinelles était le chef de ces-dernières, le dénommé « Sigarme ». Disciple de Iop affirmé, il était grand, avait une carrure assez impressionnante, des cheveux argentés, et surtout, un sourire qui semblait ne jamais vouloir quitter son visage. Cela rendait le personnage plutôt effrayant, tant par son physique que par son sourire.
Mais une fois les présentations terminées, Sigarme en arriva aux choses sérieuses.


« - Bien ! Les présentations sont terminées. Je vais maintenant pouvoir parler de ce pourquoi vous êtes venus. Pour cela, au cas où vous ne sauriez pas tous à qui vous avez affaire, je vais vous dire qui nous sommes, c’est-à-dire qui sont les Dernières Sentinelles, et quels sont nos buts.

Avant toute chose, gardez en mémoire que nous sommes une armée. Je ne puis que vous rassurer en vous garantissant que nous trois ici présents ne formons qu’une minorité des troupes que j’ai l’honneur de diriger.
L’armée a deux principaux buts : nous protéger, et nous permettre d’arriver à nos fins.

Nos objectifs ne sont pas militaires pour autant. En effet, nous autres, Sentinelles, nous dévouons à deux causes : défendre et louer les bienfaits des Douze, dans un premier temps. Vous devez le savoir et j’en parlerai ci-tôt cette brève présentation terminée, les Dieux ont pour nous une importance capitale.

Le deuxième point est de loin le plus important. Nous nous battons pour le retour d’un Âge d’Or, c’est-à-dire un Âge semblable à celui que nos ancêtres ont pu connaître avant le Cataclysme.

Le Cataclysme engendré par cet infâme Ogrest est un mal qui a réduit notre magnifique Monde à l’état de bouftou galeux. Nous jugeons donc nécessaire et inévitable d’attaquer et de tuer Ogrest pour qu’un retour vers un Monde semblable au précédent soit possible. Je détaillerai ce point après avoir parlé du premier, suite à quoi je répondrai à vos questions et me pencherai sur le recrutement des intéressés.

Parlons maintenant des Douze. Qui sont-ils ? Si l’on compare Ogrest au Destructeur, alors les Douze sont incontestablement les Créateurs. Nous leur devons la vie, la force, le pouvoir. Tout ce qui nous entoure n’est là que parce que les Douze en ont voulu ainsi.

Les Douze sont notre vigueur, à nous autres, Sentinelles, et c’est sous leur bénédiction que nous anéantirons l’Ogre. Je n’ai pas honte de le dire, j’ai voué allégeance à Iop il y a longtemps maintenant, mais je continue pourtant à lui être fidèle, et c’est grâce à lui que j’ai acquis mes compétences, quelles qu’elles soient.  Et, il faut se l’avouer…
»

Son discours sur les Douze, bien qu’un poil excessif, s’avérait intéressant. J’étais plutôt satisfait d’en savoir davantage sur le mode de pensée de ces Sentinelles, que je ne connaissais pas réellement avant ce jour-ci. Notons également que Sigarme avait perdu son sourire, il semblait sérieux, solennel, presque touché par ses mots. Il continua son récital pendant une bonne vingtaine de minutes, d’ailleurs. Il n’eut cependant pas le temps de le terminer.

En effet, en plein milieu de son discours, j’entendis les gens discuter derrière moi, et lorsque je me retournai, j’aperçus une vingtaine d’hommes franchir la foule, celle-ci s’écartant pour leur ouvrir la voie, comme effrayée.
L’un des hommes en question s’avança tandis que Sigarme continuait à parler des Douze, et s’écria :


« - VOS DIEUX NE VOUS SAUVERONT PAS ! »

Un silence frappa l’assemblée. Tous s’écartèrent  pour dévoiler la masse d’hommes vêtue de noir, qui ne semblait pas être là pour discuter autour d’une bière. En effet, au-delà de leur apparence étrangement sombre et malsaine, presque tous possédaient un fourreau à la ceinture.

Sigarme, lui, s’était arrêté de parler, et un sourire avait regagné son visage. Il avait fait signe à ses hommes de ne pas intervenir.


« - Eh bien, eh bien, qu’avons-nous là ? Des contestataires ? Si tu as quelque chose à dire, dis-le, mais fais-le à la fin. Je déteste qu’on me coupe la parole, gamin.

- Parfait, dans ce cas, puisque je marque la fin de cette réunion.

- Vraiment, et qui t’a autorisé à agir à ta guise ?

- Ogrest.
»

Sigarme haussa un sourcil. Serait-ce une simple provocation ? L’homme en noir continua :

« - Nous sommes des Disciples d’Ogrest, pathétiques Sentinelles, et tout comme Ogrest a battu vos pitoyables Dieux, je vais mettre à néant votre existence, ainsi que votre minable rêve utopique.

- Écoute, l’ami, va-t-en et personne fera d’histoire, d’accord ? Je te laisse une dernière chance de sauver ta vie, alors saisis-la. Je n’ai pas envie de faire un carnage en face de tout ce monde, tu comprends ?

- SILENCE ! Archers, transformez-le en prespic !
»

Cinq archers, situés assez loin de l’estrade où trônait Sigarme, bandèrent leurs arcs et décochèrent chacun une flèche. Le sourire du Iop semblait s’intensifier à mesure que les flèches se rapprochaient de lui.

Au moment où elles auraient dû le frapper, les flèches s’étaient arrêtées devant le visage de Sigarme, qui riait. Son Conseiller, Harvard, les avait vraisemblablement stoppées, grâce à sa maîtrise du temps. Il était statique, derrière Sigarme, le bras tendu vers les flèches. Seul son bras avait bougé et, curieusement, il avait pu intercepter l’attaque sans même regarder directement celle-ci, puisque son couvre-chef masquait toujours son regard.

Tandis que les flèches tombaient au sol comme de vulgaires oiseaux tirés en plein vol, Sigarme sautait de l’estrade, pour atterrir en face de ses opposants. L’homme savait faire preuve de présence, et sa force était presque palpable. Il était incontestablement puissant.


« - Besoin d’aide, chef ? Demanda le Féca.

- Inutile, je vais écraser ces morveux seul, rétorqua Sigarme.

- Nous battre ? Hahaha ! Tu es bien prétentieux, toi qui n’es qu’un rat au service des faibles ! Les faibles engendrent les faibles ! Ayant hérité de l’impuissance des « Dieux », tu ne pourras jamais nous vaincre ! Nous t’empêcherons d’atteindre tes objectifs ! Raillait l’homme en noir.

- Ouh, c’est pas bon ça, marmonna le Féca aux cheveux verts. Le chef va péter un câble. »

En y regardant de plus près, en effet, Sigarme n’avait plus du tout la même attitude qu’auparavant. Il ne souriait plus du tout, et son poing s’était fermé. Ce-dernier semblait rougir. Il regarda l’homme en face de lui d’un air assez froid, avant de prononcer ces quelques mots :

« - Je ne tolérerai pas…

- Hum, quoi donc, vermine ?
» S’interrogea le cultiste.

À peine ce dernier eût-il le temps de finir sa phrase que Sigarme s’élança vers lui à une vitesse éclair, le poing enflammé. Il frappa le cultiste en plein visage, l’envoyant planer sur plusieurs mètres.
Se redressant, Sigarme regarda les autres cultistes d’un air noir. Il s’exprima ensuite :


« - Je ne tolérerai pas que l’on se mette sur mon chemin... Toute personne étant un frein à ma progression devra être éliminée, et vous allez en avoir la preuve, vous qui avez osé me défier. »

Je regardais l’homme qui venait de voler. De son visage émanait une fumée noirâtre. S’il n’était pas mort, il ne devait pas en être loin, et devait souffrir. Le coup était remarquablement puissant, et la détermination qui se faisait ressentir dans sa dernière phrase rendait l’homme vraiment effrayant.

« - Te crois pas gagnant parce que t’as éliminé l’un des nôtres, Sentinelle ! Nous allons te tuer, et nous tuerons ensuite tes compagnons ! Tu n’en réchapperas pas ! S’écria l’un des attaquants.

- J’en doute. En attendant… Ramenez-vous ! »

Je ne l’avais pas remarquée auparavant, mais Sigarme avait une grande hallebarde dans le dos, et je me demandais pourquoi il ne s’en était pas encore servi.
Ceci dit… En avait-il vraiment besoin ? Combattant à mains nues ainsi qu’avec une grande épée initialement rangée dans son fourreau, l’homme était monstrueux, inarrêtable. La quinzaine d’hommes qui fonçait sur lui ne semblait pas l’effrayer, il paraissait au contraire très relaxé. Son inextinguible sourire me faisait penser à un de ces guerriers qui adore combattre et saigner ses adversaires. Peut-être était-ce son cas.

Quoiqu’il en soit… Enchaînant uppercuts, droites, gauches et coups d’épées, l’homme sorti de l’assaut sans aucune égratignure. Il m’avait été difficile de distinguer exactement son style de combat, tant sa vitesse de déplacement était importante. Ses cheveux argentés me faisaient pourtant dire qu’il n’était plus tout jeune, et qu’il avait au moins quarante ans. Plus qu’un guerrier lambda, Sigarme semblait avoir le combat dans le sang. Il en appréciait chaque seconde, et voyait en son adversaire une proie qu’il traquerait sans relâche.

À n’en pas douter, l’homme était redoutable et formait un adversaire formidable.

Une fois la bataille terminée, ses mains étaient rouges de sang, et son fourreau ainsi que la lame de son épée avaient changé de couleur.
Les archers avaient fui. Sigarme riait à pleine gorge. Cependant, après quelques secondes, un homme sortit des rangs que formaient les spectateurs. C’était sans aucun doute un disciple de Sacrieur. Il s’avança vers Sigarme.


« - Encore un qui veut goûter à ma force ? Riait Sigarme.

- Pas vraiment… Plutôt un qui va te renvoyer auprès de tes Dieux…

- Essaie donc ! Ni toi ni tes fous d’alliés n’arriveront ne serait-ce qu’à me faire mettre un genou au sol.
»

Les deux se firent face, et commencèrent à se battre. Sigarme semblait rire, tandis que le Sacrieur tentait tant bien que mal de parer ses coups, qui déferlaient sur lui comme la pluie s’abat sur un champ.
Un coup frappa finalement l’homme en plein visage, ce qui le fit reculer. Sigarme recula également, et se mit dans la même position que lors de sa toute première attaque.
Ne laissant pas à son adversaire le temps de se remettre en garde, il s’élança vers lui, le poing incendié. L’attaque heurta l’abdomen du Sacrieur de plein fouet, et une légère explosion eût lieu au point de l’impact. Sigarme recula une nouvelle fois, desserrant son poing brûlant.
Le Sacrieur, lui, avait posé un genou et une main au sol, l’autre main tenant son ventre, brûlé et ouvert par l’explosion. Il crachait du sang.
Sans aucune attente, Sigarme bondit, et une fois en l'air, mit son pied en avant, ayant vraisemblablement pour but d’éclater la tête de son adversaire au sol. Alors que le Iop chutait, l’homme gravement blessé au sol, couvert de sang, regardait la mort qui s’approchait de lui.

Mais alors que le pied de Sigarme allait heurter le crâne du Sacrieur, une barrière le stoppa. C’était un disciple de Féca, cultiste d’Ogrest également, qui venait de déposer une armure autour de son allié.
S’appuyant sur le bouclier fraîchement créé, Sigarme bondit en arrière, prenant un peu plus de distance.
Cependant, lorsqu’il posa le pied au sol, des racines couvertes de ronces jaillirent du sol pour l’enlacer. Ces-dernières le suspendirent en l’air, et semblaient l’étreindre.
En effet, un troisième homme était sorti de la foule d’observateurs, c’était un Sadida. Il rigolait.


« - Qu’est-ce que tu vas faire maintenant, hein ? Même le plus puissant des vivants ne pourrait pas briser mes ronces ! Tu es un homme mort ! » S’exclamait le Sadida.

Sigarme ne disait rien. Il regardait le disciple de Féca aider le Sacrieur, tandis que les ronces semblaient le serrer de plus en plus.


« - Je vais te déchiqueter ! » Terminait le Sadida, bien décidé à profiter de l’immobilité de Sigarme pour le tuer.

Mais pendant que le Sadida vantait sa fourberie et sa puissance, un grondement se faisait entendre. Sigarme, quant à lui, se mit à rigoler, tout en regardant le Sadida.

Au même moment, un cratère s’ouvrit aux pieds de ce-dernier, et une violente éruption lui arracha la moitié du corps.
C’était l’acte de l'inexpressif Féca. Soupirant, il se ré-adossa contre l’estrade, qu’il avait dû quitter le temps d’aider son chef. Le moins que l’on puisse dire, c’est que son attitude froide n’a d’égale que la violence de ses coups portés.

Les ronces regagnant le sol, Sigarme redescendit sur terre, et se mit en marche vers l’homme blessé et le Féca cultiste. Les traces des ronces étaient apparentes sur ses muscles saillants, mais ne semblaient pas le perturber pour autant.


« - Vous êtes coriaces, s’exclama Sigarme. N’allez pas croire pour autant que vous êtes des adversaires de taille face à moi. Si vous voulez ne serait-ce que me mettre à terre, c’est un régiment qu’il vous faudra amener, non une troupe de guignols qui se battent aussi bien que des gosses. Nous sommes des soldats, ne l’oubliez pas, notre entraînement est de loin supérieur à celui que vous avez pu recevoir. Cependant, pour vous récompenser d’avoir réussi à me bloquer, je vais vous affronter avec ce que j’ai de plus précieux.
Profitez bien. Vous ne mourrez qu’une fois sous son coup.
»

Terminant sa phrase, il s’empara de sa hallebarde qui se trouvait dans son dos. L’arme était admirablement bien taillée, et tout aussi bien entretenue. Nul doute qu’elle avait fait tomber bon nombre d’ennemis.

Il se mit à courir vers le Féca, la hallebarde prête à frapper. Une fois à portée, il adressa un coup droit aux côtes de son opposant, ce-dernier ne manquant pas de parer ledit coup  avec un de ces boucliers.
Néanmoins… l’égide était sur le point de céder. Le disciple de Féca n’en revenait pas. Comment un seul coup avait pu détruire en quasi-totalité son bouclier ?
Profitant de la surprise du protecteur, Sigarme fit rapidement tournoyer sa hallebarde pour asséner deux nouveaux coups à celui-ci. Le premier brisa le bouclier dans son intégralité, tandis que le second vint se loger dans le crâne de son adversaire.
Après avoir retiré son arme de la tête de sa fraîche victime, il la planta dans le thorax du Sacrieur, toujours au sol.

Il se dirigea ensuite vers l’estrade, martelant le sol de sa hallebarde tandis qu’il avançait. Pendant sa marche, il prononçait, le regard et la voix emplis de conviction :


« - Que les faibles aux idéaux fumeux soient tués et abandonnés. Seuls ceux suivant les pas des Dernières Sentinelles auront la foi et la vigueur suffisantes pour survivre. Choisissez bien votre camp, vous tous, qui venez d'assister à cette démonstration de force, car ce choix sera décisif. »

Ce moment fut sûrement le plus étrange de ma vie. Après avoir retrouvé son estrade et annoncé les Dernières Sentinelles comme étant « le bras armé des Douze », il fit comme si cette bataille n’avait pas eu lieu, et continua son discours là où on l’avait forcé à s’arrêter.
Ce que je retiendrai de cette journée, mon cher journal… C’est qu’il vaut mieux être allié qu’ennemi avec ces Sentinelles.

En effet, leur chef et ses camarades sont particulièrement…

… Redoutables
. »


Dernière édition par Sigarme le Lun 5 Déc - 23:44, édité 5 fois
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MessageSujet: Re: [Extraits retrouvés] - Journal d'Artyome   [Extraits retrouvés] - Journal d'Artyome Icon_minitimeJeu 9 Juin - 0:08

« 30 Octolliard 972Proche du village d’EmelkaArtyome


Voilà quelques jours que je dois avouer être des plus inquiets, mon cher journal : cela fait bien des semaines que je n’ai pas eu de longue conversation avec Sigarme, qui se montrait d’habitude plutôt avenant et assez loquace.

Il me paraissait contrarié, ces derniers jours. Son sourire cachait une indescriptible tristesse, et son regard n'affichait plus l'habituel dynamisme qui le caractérise. Ce n’est pas chose commune, en considérant le fait que cet homme est l’incarnation de la vigueur et de la joie de vivre.

J’étais persuadé que quelque chose n’allait pas.

Je n’ai pas osé lui demander directement d’où lui venait cet air si morne, cette mine si sombre qui semblaient le ronger au fil que les jours s’écoulaient. Qui aurait osé, d’ailleurs, et à quoi bon ?
Ce n’est pas le genre d’homme à dévoiler ses chagrins et ses peines, il préfère bien au contraire rester droit, juste et fier, pour inspirer le respect à ses camarades Sentinelles.

J’ai donc décidé de le suivre, il y a pratiquement une semaine de cela. Je me devais de savoir quel était le mal qui l’accablait.

Cependant, je n’ai absolument rien trouvé. Il ne faisait rien d’extraordinaire une fois ses journées terminées, si ce n’est passer du temps avec Harvard, son ami et conseiller, ou se reposer, comme n’importe lequel d’entre nous le ferait après de longues et rudes heures de travail.

J’ai failli abandonner l’idée de m’intéresser à ce qui l’avait tant changé ces derniers temps, jusqu’à hier, dans la nuit du 29 Octolliard.

J’ai encore du mal à réaliser ce qu’il s’est passé cette nuit-là, c’est pourquoi j’ai besoin de toi pour me libérer de mes pensées, mon bon journal. Peut-être m’éclaireras-tu ?

Sigarme ne me paraissait pas plus différent que les autres soirs, étonnamment. Comme à son habitude, il s’était installé à l’auberge d’Emelka, où il avait demandé à se faire servir un rafraichissement.

Il était assis là, au comptoir, le visage anéanti par le profond chagrin qui l’accompagnait depuis plusieurs jours déjà, le regard vide de tout, rivé sur son verre à moitié vide.

Après avoir terminé ce dernier, il releva la tête. Son expression avait changé et, à la tristesse, semblait se mêler une grande colère. Il quitta sa place, s’emparant au passage de sa hallebarde, qui était apposée au zinc.
D’un pas décidé, il se dirigea vers la sortie de l’auberge, martelant, comme il le fait si souvent, le sol de sa longue arme.

Il s’arrêta dehors quelques instants, contemplant le ciel. Le temps était plutôt couvert, et le soleil ne daignait pas se montrer au grand jour.

Il pleuvait.

Quelques instants plus tard, il se remit en route, sa poigne sur la hallebarde paraissant plus forte qu’auparavant.
Il marcha sans interruption jusqu’à l’entrée de la forêt d’Emelka. Arrivé à cette dernière, il s’arrêta à nouveau. Je me demandais bien pourquoi, cette fois-ci.

À ma grande surprise, il déposa son arme d’hast au sol, avant de dégainer sa claymore, dont le fourreau se situait sur son flanc gauche, à sa ceinture.
Il s’agenouilla ensuite, posant son genou gauche par terre. Il tenait son épée du bout du pommeau, et l’avait placée en face de lui, droite, légèrement plantée dans le sol.

Une prière, à cet endroit-là ? Devant la forêt d’Emelka ? Je n’eus pas le temps de me questionner davantage, puisque le Iop commença à s’exprimer, la tête baissée, les yeux fermés.
Je me suis rapidement rapproché, afin de mieux entendre ses paroles, en essayant de ne pas me faire voir. Peut-être en saurais-je plus après cela, me disais-je.


« - …Ô Grand Batailleur, Ô tout puissant Seigneur des Braves, je m'adresse à toi en ce jour dans l'espoir de retrouver la dignité que j'ai perdu voilà quelques semaines. Ma faiblesse, ce jour-là, a entaché ton honneur autant qu’elle a sali le mien. Depuis cette déplorable journée du 15 Octolliard, je suis assailli par un immense désespoir, et je n’osais même plus t’adresser une prière. C’est pourquoi je crie vengeance, Ô vénérable Iop, toi qui es la personnification même de la force et du courage. Je m’en vais dès ce soir accomplir ce que j’aurais dû faire il y a bien longtemps, pour retrouver tes faveurs et pour permettre à l’ami que j’ai perdu d’enfin pouvoir reposer en paix. »

Je n’étais pas bien sûr de ce que je venais d’entendre, pour être franc. D’ailleurs, je n’en saisis toujours pas toutes les paroles, ne sachant pas à quel évènement du 15 Octolliard il faisait allusion.

J’étais tout de même surpris : je ne pensais pas Sigarme si dévoué à Iop. Lors de son monologue, je ressentais dans sa voix une réelle émotion, un profond respect, et une extrême loyauté.

Il se releva ensuite, avant de rengainer son arme et d’accrocher sa hallebarde dans son dos.

Il leva une dernière fois les yeux au ciel. Son visage était criblé par la pluie qui ne cessait de tomber depuis un bon bout de temps, et sous laquelle il était depuis qu’il avait quitté la taverne. Mais était-elle la seule à venir le noyer sous la rage et la peine ?

Il se remit ensuite en route, d’un pas plus déterminé que jamais, avant de commencer à s’enfoncer dans la forêt d’Emelka.

Je ne savais pas où nous allions, mais nous marchâmes pendant une dizaine de minutes, au bas mot.

Je ne cache pas qu’une certaine angoisse avait commencé à m’envahir. Je n’avais absolument aucune idée de là où nous étions, et Sigarme continuait à avancer, sans que rien ne semble pouvoir l’en empêcher. Sa marche était sûre, sa cadence était résolue.
Je me demandais presque s’il ne m’avait pas attiré ici pour me jouer un mauvais tour, pour me faire peur. Peut-être savait-il que je le suivais depuis tout ce temps, après tout ?

Mais mes craintes s’estompèrent lorsque j’aperçus, un peu plus loin, ce qui ressemblait à un campement. Il n’était pas bien gros, et ne devait pas abriter beaucoup de personnes. Une dizaine, tout au plus.
De petits rondins de bois grossièrement taillés en pointe entouraient le lieu. Ils n’étaient pas bien longs et l’on pouvait facilement sauter au-dessus, pour peu que l’on soit assez grand.
Au milieu de l’endroit se trouvait un feu plutôt bien alimenté, et autour de celui-ci, je pouvais distinguer trois ou quatre personnes.
Quatre huttes, pas très impressionnantes, se situaient dans le camp. Construites de paille et de bois, elles ne représentaient pas des chefs d’œuvre de l’architecture, mais elles étaient suffisamment spacieuses pour permettre à au moins deux hommes d’y vivre.

À l’entrée du cantonnement stationnait un homme. Il n’était guère grand et devait mesurer, à vue d’œil, un kamètre et soixante-quinze centikamètres. Habillé de noir, ses vêtements étaient on ne peut plus communs : un pantalon, un haut, et un large manteau ouvert qui descendait jusqu’aux genoux. Je remarquais à sa ceinture la présence de deux épées courtes, rangées sur son flanc droit. Il n’avait pas l’air très accueillant.

Mais qui était-ce donc ? Plutôt, qui étaient-ils donc ? Des bandits ? Je me demandais bien pourquoi Sigarme serait allé à la rencontre de bandits. Quoi, alors ?

L’homme en noir dévisageait la Sentinelle, qui s’approchait lentement du camp.


« - Qu’est-ce que tu fais ici, l’étranger ? C’est pas un coin pour les gens comme toi, alors barre-toi avant que je te ramène de là où tu viens. » S’exclama le garde, n’ayant à priori pas l’intention de laisser Sigarme passer.

Celui-ci le fixait, tout en marchant, un très léger sourire aux lèvres.


« - …C’est ici, qu’on vénère Ogrest ?  Demanda-t-il, d’un air plutôt calme.

- Hein ? Et si c’était le cas, ça changerait quoi ? Haha, vous entendez ça les gars ? On a un type comique qui s’est égaré, on dirait. » Riait le vigile, se retournant pour s’adresser à ses camarades, assis autour du feu.

Sigarme ne rigolait pas. Il regardait toujours l’homme dans les yeux avec une haine presque palpable, avant de rajouter :


« - Alors c’est bien ici, n’est-ce pas ?

- Écoute, le vieux. J’ai pas envie d’te faire du mal, alors rebrousse chemin et remets plus jamais les pieds ici, c’est clair ? Les curieux dans ton genre, on les-…
» Ajouta l’homme, sans avoir le temps de finir sa phrase.

Sigarme lui avait attrapé le visage de sa main droite, et l’avait légèrement soulevé du sol. Ses yeux étaient noirs de colère, et son sourire s’était complètement effacé.
Une fois suspendu en l’air, retenu par la poigne du Iop, l’homme se mit à se débattre avec plus de force. En effet, le poing de Sigarme se mit à rougir et à chauffer, brûlant le visage de celui qu’il tenait, laissant une fumée grisâtre apparaître. De forts hurlements de douleur se faisaient entendre.


« - Quand je pose une question… » Commença-t-il.

Il raffermit ensuite sa prise sur l’individu qu’il saisissait, avant de diriger violemment et d’un geste vif sa main vers le sol, emportant avec lui ce qui était visiblement un cultiste d’Ogrest. Le choc fut tel que le terrain se retrouva légèrement éclaté autour de l’impact. L’homme gisait par terre, le crâne planté et écrasé dans le sol, le corps inerte.
Je restais sans voix, tandis que Sigarme se relevait, jetant son regard sur les personnes assises autour du feu de camp, ceux-ci se révélant finalement être au nombre de quatre.


« - …Quand je pose une question, j’aime qu’on me réponde. » Leur dit-il, son sourire étant revenu.

Les individus, tous armés, se levèrent, visiblement excédés.


« - Qu’est-ce que tu crois que tu viens de faire, hein ?! Tu vas vite regretter ton geste, vieux fou ! Je vais te renvoyer auprès de ton imbécile de Dieu ! » Tonna l’un des quatre hommes, armé d’une imposante hache.
Il s’élança vers Sigarme, poussant un grand cri de rage, tout en brandissant son arme.

Mon ami restait silencieux, la main droite posée sur la garde de son épée.


« - Hélas, je ne pense pas que cela soit possible. Je ne me vois pas repartir auprès de Iop, alors que c’est en son nom que je viens me débarrasser de la vermine que vous êtes. » Dit-il, d’une voix calme mais solennelle.

Il dégaina alors une partie de son épée, ne dévoilant que quelques centikamètres de la lame, le restant étant toujours dans le fourreau. Il adressa un regard à celui qui s’était mis à courir vers lui, et qui s’apprêtait à le frapper. Son sourire s’était accentué, et il me paraissait désormais inquiétant.

J’avais déjà eu cette sensation auparavant, les quelques fois où j’ai eu l’occasion de voir Sigarme se battre.
On pouvait reconnaître son insatiable soif d’action : son regard transpirait l’adrénaline, et son sourire dévoilait l’extrême plaisir qu’il ressentait lorsqu’il était en plein combat. Son instinct ressortait alors, celui d’un guerrier qui ne s’arrêterait que lorsque les adversaires lui faisant face seraient au sol, gisant dans leur sang.

Sigarme se mit à rire très légèrement, alors que son agresseur venait de sauter vers lui, la hache prête à frapper.
Il dégaina alors complètement sa claymore, avec vivacité et force. Prolongeant son geste, il asséna un violent coup d’épée au cultiste, venant lui trancher la gorge et laissant un large filet rougeâtre jaillir de la blessure. L’homme tomba aux pieds de Sigarme, légèrement sur sa gauche. La Sentinelle, de son côté, avait tourné son regard vers les trois autres spectateurs. L’assaillant se débattit au sol pendant plusieurs secondes, les mains autour de son cou, étouffant de légers râles de douleur, avant de succomber à sa blessure.

Le Iop poussa légèrement le cadavre de ce qui était son adversaire, le décalant de son chemin. Il avança ensuite vers les trois autres individus, la claymore à la main.


« - Quand on énerve un Iop, on prend le risque de voir arriver sa colère, gamins ! » Cria-t-il, avant de bondir vers eux.

La main gauche en retrait et prête à frapper, Sigarme s’approchait d’eux à une vitesse folle. Expirant un fort et grave hurlement, il vint abattre son poing au pied de ses ennemis, avec une incroyable violence. La brutalité du coup avait créé une imposante onde de choc, ravageant une bonne partie du terrain autour de lui, emportant par la même occasion l’installation qui servait de feu de camp, et les personnes qui se trouvaient autour quelques secondes auparavant.

Il se redressa ensuite, observant les alentours. L’un des trois cultistes avait été projeté jusqu’à la palissade, et s’était fait transpercer par un des rondins pointus, au niveau du thorax.
Un autre était au sol, proche d’une des huttes au fond du camp. Un vaste morceau de roche, qui avait sans doute été propulsé par la frappe de Sigarme, était venu lui enfoncer le crâne.
Quant au troisième, il s’était relevé et était à gauche de l’entrée du camp, près d’une des cahutes. Une de ses mains était placée au niveau de ses hanches. Ses vêtements avaient viré au rouge à cet endroit-là, et il peinait à tenir debout. Il portait tout de même une courte épée de sa main libre, la pointant vers la Sentinelle.


« - Qu… M-mais qu’est-ce que tu… tu nous veux… à… à la fin ?  Gémit-il, tandis que le sang commençait à former une flaque à ses pieds.

- Ce que je veux ? Rétorqua Sigarme, fixant le blessé d’un air sérieux. Je viens exterminer les derniers rats qui ont osé toucher aux miens et que je n’ai pu avoir la dernière fois, et je sais qu’ils sont ici. Tu as choisi le mauvais camp et suivi les mauvaises personnes. Les Dieux t’auraient peut-être laissé une seconde chance, mais je ne suis malheureusement pas aussi clément.

- C’… c’est donc ça… le gr… groupe de dernières… s-sentinelles qu… qu’ils ont attaqué l’autre j-jour… T-tu y ét… étais ?
» Haleta-t-il, un léger sourire aux lèvres, avant de cracher une importante quantité de sang.

Sigarme s’élança alors vers lui pour l’achever. D’un ample revers horizontal, la lame du guerrier vint trancher la tête de celui qui lui faisait face, brisant au passage l’épée du malheureux, qui avait sommairement tenté de parer le coup.

Il rabaissa ensuite sa claymore d’un petit mouvement sec, comme s’il voulait en enlever les gouttes de sang, qui avaient donné à sa lame dorée une toute autre teinture. Il se retourna ensuite.

Je regardais moi-même les lieux une fois le combat terminé, et j’étais bien heureux de ne pas y avoir pris part. La pluie, qui avait battu le sol pendant bien des heures et qui continuait à tomber, s’était mêlée aux importantes trainées de sang causées par l’affrontement. Les corps des cultistes, sans vie, étaient dans un lamentable état et me laissaient penser qu’il ne valait mieux pas que j’énerve Sigarme, par la suite.

D’ailleurs, Sigarme n’avait toujours pas bougé, après avoir décapité son dernier adversaire. Après avoir dirigé mon regard vers le lieu qu’il observait, j’aperçus une personne à laquelle je n’avais pas prêté attention jusqu’à maintenant.

C’était un homme imposant, dont l’apparence me laissait penser qu’il était disciple d’Osamodas. M’est avis qu’il était sorti d’une des cabanes pendant que Sigarme terminait son carnage.
Il était installé là, devant une des bâtisses, assis sur un énorme marteau, dont le pommeau lui servait de repose-menton. Notant que le Iop l’avait vu, il se leva, soulevant l’imposante masse, qu’il apposa à son épaule gauche.
J’étais stupéfait : l’homme était bien plus large que Sigarme, et même plus grand. Ses muscles étaient saillants et très développés : c’était à n’en pas douter une sacrée force de la nature. Il était torse nu, la pluie ne semblant pas le gêner plus que cela.

« - Alors, grand-père, on a jugé bon de faire une petite virée dans mon campement et de venir décimer mes subordonnés ? » Dit-il, regardant de haut la Sentinelle, d’une voix assez rauque.

Sigarme continuait de le dévisager. J’ai encore du mal à pouvoir décrire avec précision ce que son regard exprimait. La haine et la fureur qui en émanaient me glaçaient le sang. J’étais paralysé. Jamais je ne l’avais vu dans un tel état. Jamais, au grand jamais, je n’avais vu son visage aussi décomposé.

Ni une ni deux, il saisit fermement sa longue épée à deux mains, et se rua vers le disciple d’Osamodas. Il fit un léger saut avant d’abattre avec colère son arme, assénant un puissant coup vertical visant son opposant. Ce dernier, avec une étonnante agilité au vu de sa carrure et de l’arme qu’il portait, se décala vers sa droite pour éviter l’attaque. Il reprit alors rapidement une posture offensive, et frappa Sigarme au visage, avec un coup de poing d’une force ahurissante.
Lâchant son épée, la Sentinelle fut rudement expulsée contre une partie de la palissade, qui s’enfonça sous l’impact.

Après qu’il se soit relevé, non sans mal, je remarquais que le sang coulait sur son visage au niveau de sa bouche, de son arcade droite, et du haut de son crâne. Son expression, cependant, n’avait pas changé. Je le sentais bouillir de l’intérieur d’une indescriptible rage.

Il se remit alors à courir vers son ennemi, enflammant légèrement son poing droit. Ce coup-ci, son rival fut plus rapide que lui et ne lui laissa même pas le temps de préparer son attaque. Il s’était dirigé vers lui à toute vitesse, avant de lui délivrer un violent coup de genou dans l’abdomen.

Cette fois-ci, Sigarme vola sur plusieurs kamètres, poussant un léger gémissement de douleur, avant de s’écraser contre plusieurs caisses, créant un important nuage de poussière autour de lui.

L’Osamodas, lui, riait, et semblait trouver la situation plaisante. Personnellement, j’avais peur pour mon ami.


« - Ton petit camarade ne s’était pas relevé après de tels assauts, t’es plus coriace que lui. Oh, mais d’ailleurs, où est-il ? » Raillait-il, d’un ton moqueur.

Il n’eut pas le temps de rire longtemps. Un projectile jaillit à vitesse éclair de la fumée qui entourait Sigarme. C’était sa hallebarde, et elle vint se planter dans l’épaule droite du grand homme. Surpris, ce dernier fit quelques pas en arrière à cause du choc, avant de retirer l’arme qui l'avait profondément pénétrée, jusqu'à transpercer son omoplate. Il la jeta au sol, avant de saisir à deux mains son lourd marteau.

Je jetais ensuite un œil vers le nuage de poussière, qui se dissipait peu à peu.

Sigarme se tenait droit, les poings serrés. Son haut avait été en très grande partie déchiré, et seul un morceau de son flanc gauche était encore couvert, jusqu’à l’épaule. Tout son corps avait changé de couleur, et se rapprochait désormais plus du rouge que de la teinte habituelle de sa peau. Une légère vapeur s’échappait de son torse visiblement brûlant. Il était couvert de sang et un morceau de bois s’était planté au-dessus de son bassin, laissant un peu de liquide rougeâtre s’écouler à cet endroit-là.
Quant à son regard… il n’était plus. Ses yeux étaient blancs, ses iris introuvables. Son visage ne laissait plus paraître aucune émotion, à moins que ce ne soit la pluie battante qui m’empêchait d’en discerner. Il ne bougeait pas, il restait juste debout, la tête tournée vers l’Osamodas. Tous les muscles de son corps étaient contractés et, même s’il n’était pas si imposant que celui qui lui faisait face, il restait particulièrement impressionnant.

Son adversaire, justement, se dirigeait vers lui, lentement tout d’abord, puis en courant, par la suite. Il avait placé ses bras en position de frappe, son imposant marteau dans les mains. Il relâcha ensuite toute la force qu’il avait accumulée dans un puissant geste, visant à atteindre la tête de Sigarme, par sa gauche.

Sigarme, justement, ne lâchait pas des yeux son adversaire, toujours statique.
Alors que la masse allait atteindre et briser son crâne, il leva vivement son avant-bras. Le maillet vint alors le frapper brutalement.

J’avoue avoir détourné les yeux juste avant l’impact, tant je m’attendais à ce que son bras se disloque, et à ce que l’arme vienne lui arracher la tête. Mais il n’en fut rien.

Le marteau n’avait pas réussi à ne serait-ce que déstabiliser le grand Iop, qui se tenait toujours droit devant son ennemi. Cependant, après l’impact, son bras retrouva une position plus naturelle, et semblait ballant.

Les sourcils du Iop se froncèrent alors, et la chaleur qu’il dégageait semblait plus intense. D’un geste vif mais fort, il dirigea sa main droite vers l’abdomen de son opposant. Tout son poing se mit à s’enflammer avec de plus en plus d’ardeur au fur et à mesure qu’il s’approchait de sa cible.
Une fois atteint, l’Osamodas décolla sur plusieurs kamètres, le corps presque plié en deux sous la force du coup. Il se releva plus loin, un genou au sol, une main sur son ventre, ensanglanté.
Cependant, à peine eut-il le temps de lever les yeux que Sigarme était déjà là, de nouveau prêt à frapper, le regard toujours aussi vide de sentiment et d’émotion. Il lui asséna cette fois-ci un coup de son poing incendié au thorax, le transperçant.
L’Osamodas fut de nouveau propulsé par la puissance de l’attaque, et s’explosa contre une des barrières de rondins. Il ne bougeait plus. Le trou que Sigarme lui avait fait dans la cage thoracique commençait à s’enflammer, avant d’embraser progressivement l’intégralité de son corps.

Je n’en croyais pas mes yeux. Je ne sais pas à quel camarade de Sigarme le disciple d’Osamodas faisait référence, mais pour le faire entrer dans une telle transe, c’était sans doute un sujet qu’il lui aurait mieux fallu éviter.

Mon ami tomba finalement au sol. Effaré par ce que je venais de voir, j’ai mis un peu de temps à réagir. Je suis malgré tout allé lui porter secours, le tirant hors du camp du mieux que je le pouvais.

J’ai réussi à le hisser jusque chez moi, non sans mal, et au moment même où je t’écris ceci, mon cher journal, il dort dans une pièce adjacente à celle où je me situe.

J’ai fait appel à une de mes connaissances pour soigner ses blessures, mais je doute qu’il ne se remette sur pieds avant quelques temps.

J’ai hâte qu’il se réveille, afin de connaître les raisons de ses agissements de la veille, même si je crois comprendre une bonne partie de l’histoire.

Peut-être m’expliquera-t-il par la même occasion ce qu’il s’est passé, ce fameux 15 Octolliard ? »
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[Extraits retrouvés] - Journal d'Artyome
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